Réunion du 19/10/2010

 

Création d’un corps de sapeurs-pompiers à Grenade.

 

Au mois de mai 1861 le Conseil Municipal se convainc qu’il est indispensable que la commune se dote d’une pompe pour lutter contre les incendies, il désigne donc une commission chargée de se rendre à Toulouse pour en connaître le prix, et s’informer auprès des pompiers de la capitale régionale du système de pompe dont l’usage pourra être le mieux approprié aux besoins et aux services de notre localité.

Le 11 août de cette même année après avoir entendu le rapport de la commission le Conseil Municipal décide l’achat de cette pompe qui coûte 640 f et 1210 f avec tous les accessoires. Cette pompe a un mécanisme simple et assez de puissance pour envoyer un volume d’eau considérable à 60 mètres.

Cette pompe nécessite, pour la faire fonctionner, que de nombreuses personnes pourvoient à son approvisionnement en eau à l’aide de seaux en toile. Quatre personnes doivent actionner le balancier pour donner la pression nécessaire. Cette pression doit-être suffisante pour projeter l’eau suffisamment loin mais ne doit pas être trop élevée pour ne pas faire exploser les tuyaux primitivement en cuir puis, remplacés par des tuyaux en toile.

 

Un local approprié étant nécessaire pour remiser cette pompe, M. le Maire propose au Conseil de la placer dans le grenier communal situé sous la halle.

 

En 1875 le décret du 29 décembre recommande l’organisation de corps de sapeurs pompiers dans les villes d’une certaine importance et donne les principes de leur fonctionnement. Le Préfet de la Haute-Garonne relayant ce décret, adresse aux communes, le 16 décembre 1876, une lettre tendant à l’organisation de compagnies ou subdivisions de compagnies de sapeurs-pompiers dans les communes qui justifieraient d’un matériel et de ressources suffisantes à cet entretien.

Mais le Conseil Municipal de Grenade est réticent. Dans sa délibération du 31 décembre 1876 il fait remarquer que :

dans tous les incendies survenus dans la commune, l’élan généreux de la population a suffi pour amener sur les lieux du sinistre un nombre bien suffisant de personnes et d’ouvriers qui, aidés de la pompe à incendie que la commune possède depuis longtemps, et sous la direction de M. Houdard ( ?) à qui l’administration a confié le soin de diriger bénévolement les opérations de secours, se sont rendu maîtres, dans la mesure du possible de l’élément dévastateur.

Qu’il est de haute raison humanitaire d’encourager ce concours désintéressé puisqu’il a pourvu à tout jusqu’ici et qu’il y a tout lieu de penser que dans la suite il en sera toujours ainsi.

Que les admissions et les rétributions qui seraient la conséquence de l’organisation pourraient, en créant des susceptibilités nuire à la bonne harmonie qui a toujours régné.

Que, de plus, l’équipement et la solde du corps des sapeurs-pompiers imposeraient à la commune de nouvelles charges budgétaires sans avantages bien reconnus.

Par ces motifs le conseil est d’avis, quant à présent de ne pas voter la création d’un corps de sapeurs-pompiers sur la commune de Grenade.

 

Cependant, il semble que tout ne fonctionne pas aussi bien qu’il n’y paraît car, au mois de novembre 1888 M. Ucay, conseiller municipal, ayant fait part au Conseil de quelques problèmes, une commission est chargée d’étudier ce fonctionnement et de faire des propositions quant aux remèdes à y apporter.

M. Ucay fait le rapport verbal des travaux de cette commission à la réunion du Conseil Municipal du 10 février 1889.

Il en résulte que la commission propose d’établir des pompiers qui seraient exercés à la manœuvre de la pompe et à son entretien et qui, en cas d’incendie, auraient l’obligation de se rendre sur les lieux du sinistre. Leur nombre serait limité et le choix fait parmi les corps d’Etat de charpentiers et de maçons. Une rétribution leur serait accordée, soit annuelle, soit par incendie. Avant de poursuivre ces travaux en ce qui concerne les attributions, le choix et le paiement de ce personnel, M. Ucay demande si le Conseil Municipal prend en considération ces premiers travaux de la commission. Le Conseil consulté donne son accord mais, malgré les demandes répétées de M. Ucay rien ne se passe et, finalement, dans la séance du 11 mai 1890, le conseil décide d’abandonner cette question.

 

La question du fonctionnement est à nouveau posée au mois de novembre 1893 par M. Jougla qui signale les difficultés qu’on a eues pour faire fonctionner la pompe lors de l’incendie de la ferme de Mme Brusson, ce n’est, dit-il, qu’après trois quarts d’heure de travail qu’elle a pu fonctionner d’une façon sérieuse. Il signale aussi que le nombre de seaux est insuffisant.

M. Aubinel répond qu’il ne conteste point les dires de M. Jougla mais qu’il était bien difficile de prévoir qu’un pareil fait se produirait, la pompe à incendie ayant toujours bien fonctionné. Le fait signalé par M. Jougla n’est, du reste, qu’accidentel puisqu’elle a bien fonctionné par la suite. Quant à l’insuffisance des seaux ou à la réparation d’un certain nombre, il fait observer qu’il a déjà signalé le besoin de faire l’achat de cinquante seaux neufs et d’en faire réparer un certain nombre. Mais dans l’incendie qui a eu lieu chez Mme Brusson il ne faut pas s’étonner si M. Jougla a pu constater le manque de seaux puisque l’on avait laissé les seaux et qu’on n’avait amené que la pompe sur le lieu de l’incendie.

 

En 1911 l’installation du réseau d’eau potable dans la ville étant presque terminée Monsieur le Maire propose de faire l’acquisition de tuyaux en toile pour alimenter la pompe à incendie en cas de sinistre. Le Conseil vote la somme de 300 francs pour l’achat de 125 mètres de tuyau en 5 longueurs avec accessoires.

 

En 1932 la question de la création d’un corps de sapeurs-pompiers est à nouveau évoquée pour être aussitôt oubliée.

Le 26 mars1933 M. le Maire expose que dans la séance du 29 juillet 1932 le conseil a décidé d’acheter une moto-pompe à incendie marque Drouville R/4 débit horaire 25/30 mètres cubes et divers matériel et accessoires incendie moyennant le prix de 22 605 francs. Il donne lecture du traité de gré à gré à intervenir entre la maison Drouville et la commune. Le Conseil Municipal accepte la proposition.

 

C’est, finalement, en 1945 que la création d’un corps de sapeurs-pompiers est décidée. Dans sa séance du 21 juillet, à l’unanimité des voix le Conseil Municipal désigne M. Dou Marius pour constituer un corps de pompiers susceptibles de se rendre sur le lieu du sinistre à la première alerte avec la pompe à incendie.

Le 30 décembre M. le Président donne lecture au Conseil Municipal d’une lettre de M. l’Inspecteur Départemental des services de défense contre l’incendie par laquelle il fait connaître qu’il a procédé aux attributions des véhicules de traction compte tenu à la fois des crédits mis à la disposition du service Départemental et des désirs exprimés par certaines municipalités à la suite de la circulaire du 12 mars 1945 de M. le Préfet.

La dépense s’élève à la somme de 52 000 francs s’appliquant à l’achat du fourgon incendie pour 25 000 f, à l’achat du matériel (plusieurs échelles) pour 27 000 f, à l’achat d’une sirène (prix à déterminer).

Après discussion et délibération le Conseil Municipal décide d’acheter le fourgon incendie ainsi que tout le matériel nécessaire. Il vote la somme de 60 000 f.

 

En outre, considérant que la commune dont la population est de 3100 habitants répartie en 9 hameaux et 2 sections, possède une pompe à incendie et le matériel de service nécessaire, qu’elle complètera avec le concours de l’Etat et du Département, le cas échéant.

Qu’il importe pour en assurer l’utile emploi d’organiser un corps de sapeurs-pompiers.

Le Conseil Municipal :

1° Demande que ce corps soit formé de 16 hommes.

2° S’engage au nom de la commune à subvenir au moins pendant quinze ans aux dépenses d’entretien du matériel et des tenues des sapeurs pompiers, de location et aménagement d’un poste pour le matériel, des frais de registre et de bureau.

3° Il sera pourvu à la dépense aux moyens des ressources ordinaires.

4° Les sapeurs-pompiers jouiront des avantages et indemnités accordées à ce personnel dans le cadre de l’organisation départementale.

  Le Conseil en exécution du décret du 13 août 1925, nomme pour faire partie de la commission chargée d’examiner les demandes d’admission dans le corps et d’arrêter définitivement les contrôles, MM. Cros et Dou tous deux conseillers municipaux.

 

En 1947 la commune réalise l’aménagement du centre de secours et du garage, elle se dote d’une sirène au mois d’août 1948, elle équipe les pompiers de vestes en cuir au mois de décembre 1949. En 1953 elle assure les pompiers contre les risques de leurs fonctions. Enfin en 1956 le Conseil Général attribue un bateau de sauvetage aux pompiers de Grenade.